Depuis la dernière invasion de crickets géants en provenance d'Afrique du nord, la Cote d'Azur a été déclarée zone sinistrée. Les colonies ont ravagé les champs et les villas jusqu'au nord d'Avignon, traçant un sillon désertique sur une largeur de trois kilomètres, faisant plusieurs centaines de morts et des milliards de dégâts.
C'est la première fois que les nuages de crickets se sont aussi massivement abattus sur le sud de l'Europe, un désaveu cinglant aux déclarations des complexes touristiques de la Côte d'Azur qui assuraient que le fléau ne traverserait jamais le cloaque qu'est devenu la Méditerranée.
Un commentateur a cyniquement fait remarquer qu'on pouvait pratiquement traverser à pied sec d'Alger à Marseille en sautant de plaques d'hydrocarbure en zones d'algues sauvages (une mutation datant du siècle dernier qu'on n'était jamais parvenu à éradiquer), alors les crickets n'avaient aucune raison de se gêner.
Ainsi nomme-t-on le trajet suivi par ces immenses convois qui traînent des montagnes de glaces jusqu'en Europe et en Amérique pour les besoins d'eau douce de la population. C'est toujours un spectacle fascinant que de voir ces icebergs tractés par des remorqueurs nucléaires passer sur la ligne d'horizon, sous le soleil brûlant du tropique du Cancer.
La mode est aux ombrelles, rapport au soleil et aux radiations
Il est à la mode de changer plusieurs fois de sexe. 10% des «marginaux» sont transsexuels. 70% sont passé d'homme en femme (tarif: 20 000 écus), 30% de femme en homme (tarif: 60 000 écus). 10% d'entre eux changent tous les trois ou quatre ans. Les transformations sont maintenant indétectables et les risques négligeables.
C'est le mode d'identification le plus sûr à ce jour, bien qu'on signale des fraudes grâce à la greffe d'organes (on se greffe l'oeil d'un mort, qui possédait l'identification, pour passer le contrôle).
Voici quelques événements de la vie quotidienne de Paris en 2080.
Un attroupement se forme au coin de la rue, il s'agit de Minux, le célèbre présentateur du network 89, qui propose un de ses nouveaux jeux télé. Les résidants se pressent pour voir la star, les concurrents espèrent gagner quelques écus, en un clin d'oeil la rue se transforme en fête foraine.
Un commando de Mercenaires jaillit de nulle part et prend d'assaut le bâtiment d'un TechnoBloc, les miliciens répondent aux tirs. Les haut-parleurs avertissent la foule en hurlant: «Attention attention, il s'agit d'une opération dans le cadre de la guerre privée Atapix SA contre Bessonov Inc., toute personne n'étant pas directement liée aux partis en présence doit s'abstenir d'intervenir». La foule se regroupe à l'écart, applaudissant les nouveaux gladiateurs. Quelques résidants risquent bêtement leur peau pour essayer de gagner quelques galons.
Un coup de feu claque (de préférence la nuit), le quartier se vide d'un seul coup. Le tir venait des toits, sûrement un PsychoKiller. Selon le quartier, les services antiterroristes du TechnoBloc se mettent en place, ou, si l'événement a lieu dans un quartier défavorisé, les gangs du coin se mettent en chasse du tueur.
Selon la volonté du meneur de jeu, le PK peut abattre une ou plusieurs victimes avant de se suicider, ou bien disparaître ou encore être abattu par les milices ou les gangs.
Obligatoirement dans un quartier défavorisé, un gang tente de s'imposer sur le terrain d'un autre. En un clin d'oeil, la rue est pleine d'adolescents arborant les couleurs des gangs en question. Ils se tapent dessus avec tous les instruments contondants qu'ils peuvent trouver. Selon la puissance des gangs en cause ils peuvent également échanger des coups de feu, ou lancer des bombes artisanales.
Un commando de Mercenaires tente de kidnapper un cadre d'un TechnoBloc adverse. Les gardes du corps du cadre essayent de les mettre en fuite. Selon la version, la cible peut être consentante ou non.
Un incident de voisinage (bruit, vol de moto...) met le feu aux poudres d'une banlieue dortoir de résidants. Soudain, les rues se remplissent de pillards et de manifestants qui détruisent tout sur leur passage en se dirigeant vers les quartiers riches. Les milices antiémeutes se mettent en place et arrêtent la foule par tous les moyens. Canons hallucinogènes, hologrammes de diversion, etc. Pendant ce temps les tribus sortent des Tombes et en profitent pour se livrer au pillage.
Un bâtiment, ou une voiture explose non loin de l'endroit où se trouvent les personnages-joueurs. Aussitôt l'endroit grouille de reporters et de caméras automatiques tandis que les services de sécurité du TechnoBloc dont dépend le quartier établissent un périmètre de sécurité. Les rumeurs les plus folles circulent sur l'identité des poseurs de bombes, on parle d'une guerre privée surprise...
Une équipe de yakuzas mitraille le hall d'une boîte de nuit qui refuse de payer la protection de la pègre. Ou bien deux bandes rivales s'affrontent à coups de pistolets mitrailleurs. Dans tous les cas la rue se vide et tout le monde attend que ça se passe.
Un quidam marche dans la rue, il est soudain agressé par un autre qui le poignarde sauvagement ou lui décharge son revolver dans le ventre. Encore une victime de cette mode meurtrière: la Chasse. Le chasseur disparaît aussi vite que possible en ayant pris soin de laisser une carte magnétique à coté de sa victime, afin d'identifier son action. On peut également trouver dans la situation inverse, ou c'est la cible qui abat son chasseur. On peut enfin décider que c'est un des personnages-joueurs qui est victime de l'assaut d'un chasseur.
Des ombres se glissent d'une ruelle et encerclent le tas de chiffons qui recouvre un clochard. Les wampires s'apprêtent à faire une nouvelle victime pour lui voler ses yeux, son coeur ou ses poumons. Si un personnages-joueurs se trouve en situation, c'est-à-dire isolé et démuni dans une zone mal éclairée d'une banlieue populaire, c'est lui qui peut servir de cible aux wampires.
Un pauvre hère bondit dans la rue, plongé dans un univers virtuel, halluciné. L'embroché prend les taxis pour des dragons et les passants pour des gnomes. Il avance, moitié agressif moitié perdu.
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