Il s'agit là du terme désignant les sept TechnoBlocs les plus puissants du moment. Une puissance, un Dragon, ou un TechnoBloc est un ensemble d'entreprises réunies en trust. C'est le siège du pouvoir. En fin de compte, et malgré une multitude d'écrans et de sociétés paravent, il est certain que tout humain travaille pour un des Sept Dragons sans le savoir.
Les Sept Dragons ont leurs sièges sociaux dans les Îles de la Lune, ce qui les met à l'abri des guerres privées. Pour être accueilli dans le cercle très fermé des Dragons il faut d'ailleurs impérativement pouvoir ouvrir son siège en orbite de la Terre. Les TechnoBlocs, à bien des égards, ressemblent aux États du XXe siècle, ou plutôt aux principautés marchandes de l'Italie de la Renaissance. Ils possèdent leurs propres armées, leurs polices, leurs services d'espionnage et de contre-espionnage, leurs lois et leurs dirigeants. Leur but unique et commun est de faire du profit et de protéger leur existence. En cela encore, ils ne se différencient pas vraiment des nations de l'ancien monde. Un TechnoBloc est souverain sur son territoire, c'est pour cette raison que chacun entretient des missions diplomatiques auprès des autres Dragons. Certains TechnoBlocs professent une idéologie propre et il est nécessaire d'y souscrire pour y travailler, d'autres non.
Une des conséquences de la montée en puissance des TechnoBlocs fut la fin des démocraties dans le monde. Un système démocratique demande un État indépendant et impartial mais dans le monde du XXIe siècle, aucune structure n'échappe à la dépendance de la société du spectacle et au spectacle de la société. Les deux maîtres étalons de la société moderne, l'argent et le spectacle ont dû inventer une nouvelle rengaine pour remplacer celle du pain et des jeux.
Mais qu'on ne s'y trompe pas, le nouvel ordre spectaculaire n'a pas aboli toute idée de liberté. Au contraire, en se glissant entre les mailles du filet des TechnoBlocs on peut trouver plus de plages de liberté que dans les vieilles sociétés de la fin du XXe siècle. Mais voilà, de quoi s'agit-il vraiment? On parle d'indépendance, de nouvelles règles du jeu, de failles, mais peut-être n'est-ce pas la même chose et c'est vrai que la liberté formulée n'est plus un concept moderne utilisé de nos jours.
Le terme d'idéologie regroupe les croyances religieuses et politiques du XXIe siècle.Tout le monde peut fonder une église, un parti ou une secte, la démocratie s'applique au monde entier. Les croyants d'un même groupe peuvent s'organiser pour vivre ensemble. Dans l'enceinte du groupe, les lois internes seront prioritaires sur celles de l'extérieur. On connaît dans un même endroit plusieurs communautés vivant en bonne intelligence mais obéissant à leurs règles. Une infraction commise au sein d'une communauté est jugée par les instances de cette communauté. Il existe des lois fédérales (un peu à la manière des anciens USA) qui ont le pas sur les lois communautaires, il s'agit la plupart de temps de crimes de sang ou assimilés.
Cette liberté de conscience, associée aux moyens d'information modernes et à l'écroulement des anciennes valeurs du XXe siècle, a permis l'émergence de toutes sortes de sectes plus étranges les unes que les autres mais possédant un statut pour peu qu'elles soient prises en charge par un TechnoBloc.
La mondialisation de l'économie a créé le principe des guildes (ou hanses) et des alliances, plusieurs groupes unissant leurs forces et s'interconnectant pour conquérir ou garder un marché, une part de marché ou une influence politique. Une guilde est un macro ensemble économique. Une alliance est un macro ensemble politique (comme l'Europe).
Les guildes ont donné naissance aux TechnoBlocs qui sont comme des villes états. Les nationalités, les ensembles supranationaux, les «alliances», théoriquement au-dessus des guildes n'ont qu'un pouvoir factuel sur ces dernières.
En dehors des sept groupes supranationaux il existe également plusieurs dizaines d'états encore constitués en tant que tels mais ils ne pèsent pas lourd dans les négociations mondiales. Il s'agit d'anciens pays du tiers monde qui n'ont pas pu prendre à temps le virage de la «Troisième Vague» ou de territoires refusant clairement le principe des alliances comme la Fédération Libertaire de Micronésie, le califat de Carthage ou la dictature écologique de Malaisie.
Les ensembles supra nationaux - les alliances - n'ont aucun pouvoir économique, ils sont par contre responsables de la sécurité. Les forces armées n'existant plus, il s'agit de forces de police et de maintien de l'ordre.
Un homme peut donc avoir une double nationalité, celle de son ensemble d'origine ou de son pays, et celle de son TechnoBloc. Le système est très proche de celui des villes états allemandes durant la Renaissance. Il doit respecter les lois de l'ensemble dans lequel il vit mais également celles du TechnoBloc dans lequel il évolue. Un homme peut également n'avoir qu'une seule identité, celle de son pays ou de son alliance; et n'appartenir à aucun TechnoBloc. Mais c'est une situation peu enviable, il s'agit la plupart du temps de citoyen de troisième zone.
Les alliances doivent passer par la convocation de diètes pour fixer leur budget et le cadre de leur activité comme le «conseil des sages» pour la fédération GreatAsia, ou l'Europarlement pour l'alliance EuroCom.
La notion de crime fédéral est directement issue du système des TechnoBlocs. Après une première période d'ultralibéralisme, les Sept Dragons se réunirent pour établir une charte de crimes passibles du dépôt de bilan pour les sociétés convaincues du délit, y compris par la force si le besoin s'en faisait sentir. Parmi les crimes fédéraux établis par les Sept Dragons on peut signaler: l'usage des VidéoDrogues, l'usage ou le stockage d'armes atomiques, le lancement d'une opération militaire en direction d'un des Îles de la Lune; et enfin, l'accroissement d'autonomie des Intelligences Artificielles et leur éveil à la conscience.
La première grande percée en matière d'Intelligence Artificielle (I.A.) vint des laboratoires ATTR de Kyoto à la fin du siècle dernier; lorsque les chercheurs regroupés sous la direction de professeur Hugo de Glaris parvinrent à fabriquer un réseau neuronal disposant d'un nombre de synapses supérieur au cerveau humain.
Vers 2015 des bioneurones artificiels/naturels permirent de voir émerger une forme d'intelligence artificielle concrète. Des journalistes lancèrent alors une boutade: «si les cerveaux de silicium mis au point à Kyoto étaient plus puissants que le cerveau humain, plus gros, plus interconnectés, disposant de plus de neurones et de synapses, alors ne devait-on pas les considérer comme une nouvelle espèce, supérieure à l'homme, la race à venir?» Ils ne croyaient pas si bien dire et c'est moins de cinq ans plus tard qu'on commença à s'en apercevoir, ainsi naquirent les unités Crépuscule. Elles avaient pour mission de faire en sorte que les propos des journalistes ne se transforment pas en réalité. Dès qu'une Intelligence Artificielle disposant de l'autonomie de pensée et d'action est détectée, les unités Crépuscule sont envoyées pour «résoudre» le problème. Les unités Crépuscule sont, avec la légion Cerbère, les seuls organismes InterTechnoBlocs, leurs opérations sont très discrètes, elles ne recherchent pas la publicité, leurs sentences sont sans appel et leur exécution s (généralement la mort pour le ou les humains responsables et la destruction des mémoires de l'I.A.) sont immédiates.
Plusieurs networks ont essayé de produire des reportages sur les unités Crépuscule mais aucun n'y est parvenu, soit que l'équipe de tournage ait dû subir de mystérieux attentats, soit que le network lui-même ait été la cible d'une O.P.A. foudroyante visant à le racheter et à changer toute sa grille de programmes.
Pour certains commentateurs les unités Crépuscule ne sont qu'une légende, c'est d'ailleurs la position de tous les services de communication de tous les grands TechnoBlocs.
Séries d'émeutes dans les grandes villes des cinq continents qui dégénèrent en guerres civiles dans de nombreux endroits (New York, Rio, Afrique du Sud, Mexique, Espagne, Italie, sud de la France) et nécessitèrent l'envoi de troupes interblocs (la Légion Cerbère) pour rétablir férocement l'ordre dans la rue. Ces émeutes eurent de graves conséquences sur le monde moderne.
-- Établissement d'un plan de survie par le Conseil Général pour toutes les populations du Tiers-monde afin de les maintenir juste au-dessus du seuil de subsistance.
-- Bouclage des frontières des pays développés (la Ceinture de la faim).
-- Abandon de tous les plans de développement en faveur du Tiers-monde.
-- Début des grandes vagues d'attentats terroristes par les ressortissants de ces mêmes pays. Un commentateur put dire à l'époque: «La moitié de l'humanité décide froidement d'abandonner l'autre, personne ne peut en prédire les conséquences».
Référence
No man's land, de Ben Bolt (1994) pour la
BBC/arte, avec Trevor Eve et Amanda Ooms.
On trouve plusieurs grandes Zones Blanches sur la Terre. La première à la frontière de l'ancien Mexique et du Texas et l'autre sur les côtes de la Baltique à la hauteur de l'ancienne Pologne. Il s'agit d'étendues désertiques, stérilisées par les bombes nucléaires et les programmes génétiques des dernières guerres inter États de la fin du XXe siècle. On ne peut y vivre longtemps sans subir des mutations très souvent mortelles. Les networks y organisent des courses d'hovertanks. Les Zones Blanches sont aussi le repaire de tous les proscrits, et les mutants qui y cherchent un ultime refuge. Il existe bien d'autres Zones Blanches sur la Terre mais aucune n'est aussi vaste que celles citées plus haut. Les Zones Blanches sont les seuls territoires qui échappent au contrôle des TechnoBlocs. On y survit sous le joug d'une autre loi, la loi de la jungle, et pour tout dire, pas très longtemps.
Référence
Câblé, Walter Jon
Williams, Présence du futur.
Les culbuteurs de l'enfer, Roger
Zelazny, Titres SF.
Le marteau de verre, K.W. Jeter,
Présence du futur.
Judge Dredd, The Cursed Earth, Titan Books.
Point Limite Zéro, de Richard
Sarafian (1971), avec Barry Newman.
Quatre sous-continents sont exclus du développement moderne du XXIe siècle. Il s'agit de l'Afrique dans son immense majorité, de l'Inde et de la Chine (bien que plus développées que le continent noir) ainsi que l'Asie Centrale. Dans tous ces espaces, la vie est encore souvent à l'image du XXe siècle voire du XIXe. Si la famine n'est plus qu'un phénomène exceptionnel (suite aux graves Émeutes de la faim). Les millions d'habitants qui peuplent ces contrées mangent tout juste à leur faim. La fermeture des frontières de l'Europe du Nord dans les années 2010, et le renforcement de cette ceinture par la création de la Légion Cerbère contribua à couper définitivement le monde en deux et engendra un immense sentiment de haine et de frustration dans les pays du Tiers-monde. D'où la naissance de nombreux groupes terroristes à caractère nihiliste cherchant à s'infiltrer au-delà de la Ceinture de la faim pour y porter la violence. En échange du plan de subsistance, les populations du Tiers-monde doivent se plier de gré ou de force à un plan de contrôle des naissances.
La technologie du cyberspace n'y est que très rarement employée et les réseaux de communication y sont embryonnaires. On ne peut se brancher sur le Rézo que dans les grands hôtels internationaux ou dans les grands centres de vacances organisées. Il s'agit toujours de lieux ultra surveillés, des camps retranchés de luxe interdits aux indigènes, ou dans le meilleur des cas autorisés aux castes les plus riches.
Référence
No man's land, de Ben Bolt (1994) pour le
BBC, avec Trevor Eve et Amanda Ooms.
Froid Équateur, d'Enki Bilal,
Dargaud.
Soleil Vert, de Richard Fleischer, avec Charlton
Heston.
Ce n'est qu'au milieu du XXIe siècle qu'on commença à s'occuper sérieusement des exploitations sousmarines. Il faut dire que cette fois on avait de nombreuses raisons pour se pencher sur le Grand Bleu. La surpopulation, la pollution des côtes, le réchauffement du climat, toutes ces catastrophes prêchaient pour l'établissement de l'homme dans un milieu océanique de la même façon qu'il commençait à le faire dans l'espace.
Ainsi naquirent les premières Venises. On les baptisa sans doute de cette façon à cause des premières tentatives d'établissements qui se firent dans l'Adriatique, non loin de la cité des Doges. On comprit très vite que les Venises pouvaient être la source d'un juteux profit: fermes aquatiques, extractions des nodules riches en minerai qui jonchaient les plaines abyssales, tourisme de luxe, pêche. En l'espace de quelques années on compta bientôt une douzaine de cités marines, une douzaine de Venises. Elles obéissaient toutes à un schéma identique: chaque Venise était indépendante (comme un TechnoBloc) et mieux encore car au terme de plusieurs procès retentissants on considéra les Venises comme de pleins états indépendants. En fait, on reconnut rapidement que les Venises n'étaient ni plus ni moins que de nouvelles îles à la surface du globe.
Une Venise veille jalousement sur son territoire, implantant des modules indépendants parfois loin de ses côtes. Fermes aquatiques, usines d'extractions de nodules, toutes les activités industrielles en haute mer dépendent des Venises. La plupart de ces îles en «thermociment» tirent leur énergie de gigantesques capteurs solaires flottants: les «Nénuphars», implantés à quelques kilomètres de leurs côtes. Situées dans des zones d'ensoleillement maximum, les Nénuphars alimentent les Venises en énergie propre. Et c'est la seconde grande caractéristique des Venises: l'immense majorité de leurs habitants sont des écologistes convaincus. On vient sur une Venise car on considère que les continents pollués ne peuvent plus accueillir l'homme, c'est un choix de société et de vie.
Un journaliste compara les premières Venises aux établissements hippies de la fin des années 1960 et c'est vrai qu'on y retrouve le même état d'esprit. Ce qui n'empêche pas plusieurs forces Merc directement issu des Venises d'être classées en championnat, sur les Venises comme partout dans le monde, la nonviolence est un concept de moins en moins partagé.
Les parties sousmarines des Venises sont parfois dénommées aquavilles. Bien que vivant sous dôme pressurisé, certains habitants des aquavilles se font greffer des branchies externes. On les appelle Tritons, ou Sirènes. Les apprentis pilotes, ou les futurs colons spatiaux, viennent souvent faire des stages en aquaville avant de partir en Espace profond.
Référence
SeaQuest DSV, produit par Steven Spielberg
(1993).
Waterworld, de Kevin Reynolds (1995), avec
Kevin Costner et Dennis Hopper.
Les modifications climatiques et les deux guerres civiles et religieuses qui ont amené le califat au pouvoir n'ont pas laissé beaucoup de choix politique à l'ancien Maghreb. Le califat s'étend du Maroc à l'ex Libye, c'est une des dernières structures étatiques existante au monde, c'est aussi une dictature islamique.
Les principales sources de revenus du califat sont la contrebande et le recel de malfaiteurs.
C'est en effet une des seules zones à ne pas respecter les accords interforces et interblocs. Un criminel recherché pour crime fédéral peut, à condition d'avoir beaucoup d'argent, y trouver refuge. Les principales organisations et cartels de maffieux, les triades, les yakuzas, y ont pignon sur rue. Durant plusieurs siècles les États Barbaresques avaient accueilli tous les corsaires, tous les pirates, tous les proscrits chrétiens. Le califat est donc une sorte de retour aux sources, les autorités religieuses affirmant quant à elles que l'hospitalité est un des commandements du Coran (ce qui est vrai).
Pour qui n'a pas de gros moyens la vie est plutôt dure dans le califat mais il existe également beaucoup de palais magnifiques, hermétiquement isolés des rayons mortels du soleil, où l'on vit comme dans un paradis en versant de confortables rentes aux agents du Calife.
Il y a aussi des zones interdites, certains quartiers se défendant farouchement de l'intrusion des étrangers: ce sont les casbahs. Elles sont contrôlées par des clans qui n'admettent pas qu'un roumi (homme blanc) vienne toucher un contrat sur la tête d'un de leur hôte. Car si on vient dans le califat pour s'y cacher on y vient également pour chercher, traquer, et souvent abattre les fugitifs. Bab El Kébir est une de ces casbahs, un territoire ou tout étranger non recommandé est virtuellement en passe de disparaître sans laisser de traces. On n'a jamais entendu parlé d'un contrat honoré à Bab El Kébir et ceux qui ont essayé ne sont jamais ressortis de ses ruelles blanches.
Les Sept Dragons essayent depuis des années de prouver que le califat détient une I.A. illégale, afin d'y envoyer les unités Crépuscules. Le sourire kabyle semble être la seule réponse qu'ils ont obtenu jusqu'à présent.
Référence
Gravité à la manque,
Georges Alec Effinger, Présence du Futur.
Dernière dictature écologiste organisée à la surface du globe. Le sultanat a établi sa dictature grâce aux dernières ressources pétrolières qu'il monnaya une fortune en prenant comme base les théories des écologistes radicaux du siècle dernier. Les «EcoWarriors» se réclamant du sultanat, mélangent allégrement l'hypothèse Gaïa, le radicalisme islamiste et toutes sortes de théories plus ou moins aberrantes.
Ses dirigeants sont surnommés les «Khmers Verts» en référence à une secte du siècle dernier les «Khmers Rouges» qui firent régner un temps la terreur sur la péninsule indochinoise.
Le début du XXIe siècle vit se créer de nombreuses dictatures écologistes mais l'échec des théories radicales (sélection naturelle, équivalence entre tous les êtres vivants, droit des arbres et des pierres etc.), précipita la faillite de la plupart des expériences. Le sultanat est le dernier rejeton de cette étrange famille politique. Il y règne la Terreur verte, sans doute un des endroits les plus exotiques de la planète. Toute la technologie y est scrupuleusement contrôlée, et les accès au Rézo quasiment inexistants. Un arbre y a autant de droit qu'un être humain. Les épidémies n'y sont pas combattues, elles doivent s'éteindre «naturellement» et la population y est soumise à un contrôle drastique dans ses opinions comme dans ses moindres gestes.
Fédération chinoise issue de la période dites «Des larmes» qui vit l'ancienne Chine communiste éclater en des centaines de cités états, où des seigneurs de la guerre s'affrontèrent férocement jusqu'à utiliser l'arme atomique tactique. Globalement il s'agit de l'affrontement de la frange côtière riche du sud contre les royaumes féodaux et paysans du nord. Cette période «Des larmes» fit plusieurs dizaines de millions de morts, avant qu'une dizaine de cités états prennent le pouvoir et concluent un accord de paix.
La Ligue a une influence majeure en sein de l'ASIA, uniquement contrebalancé par les grands TechnoBlocs japonais. C'est une des organisations les plus riches de la terre, sans doute partiellement contrôlée par les triades, l'ennemi ancestral des yakuzas japonais.
Toutes les périodes de l'histoire du XXe et XXIe siècle ont connu des Coins Chauds; ce sont les endroits du monde où se déroule ce qu'on appelle un «conflit de basse intensité».
À partir de 1945 les conflits de basse intensité (par opposition à ceux de haute intensité qui désignaient tout simplement la guerre mondiale) n'ont jamais disparu un seul mois de la surface de la Terre, certains auteurs affirmèrent même que pour qu'il n'y ait pas de conflit de haute intensité il fallait qu'il y ait toujours des conflits de basse intensité (les auteurs en question ne vivaient jamais dans les pays où se déroulaient les conflits de basse intensité).
Vietnam, Liban, Bosnie, Arménie, Pérou: ces conflits ont tous en commun de ne pas se dérouler sur le territoire des grandes puissances, de mettre en oeuvre des forces relativement faibles, d'être d'une extrême sauvagerie et d'attirer tous les desperados, journalistes en mal de scoop, agents secrets, double, triple, marchands et canons et escrocs divers de la planète.
Quel que soit l'époque il existe un endroit dans ce genre. On y trouve des informations, des armes, des ennuis, des contrats bref: tout ce qui peut être utile à une bande de Mercs désoeuvrés. Incidemment l'espérance de vie y est nettement plus basse qu'ailleurs.
Le XXIe siècle est le siècle des communications et du spectacle (au sens où l'entendait Guy Debord, un philosophe de la fin du XXe siècle). L'information a donc une valeur. On a coutume de dire que le monde marche sur trois pieds: les TechnoBlocs, le crime organisé et les networks. L'information est donc devenue une marchandise aussi précieuse que le pétrole. Qui détient l'information détient le pouvoir. Les networks couvrent le monde entier avec leurs émissions d'HoloTV et un réseau de satellites de communication. Leurs Q.G. sont établis majoritairement sur les Îles de Lune. Ils sont puissants et à peu près indépendants.
On a la preuve que certaines affaires, comme certaines guerres privées, ont été montées de bout en bout par les networks dans le seul but d'augmenter leur audience. Mais on connaît aussi de nombreux scandales mis à jour par les équipes des networks CBS, NHK ou BBC/EURO. On aura une idée de leur puissance si on se souvient de l'histoire de la découverte de Drakon IV, un astéroïde bourré de matières premières que la NHK publia sur tous les canaux, au moment même où il entrait dans l'orbite de Jupiter. Le TechnoBloc du Soleil Couchant qui avait repéré Drakon IV depuis un an et comptait se l'approprier, perdit plusieurs milliards d'écus en quelques secondes.
En fait, un network est la meilleure et la pire des choses. C'est à cause d'eux que se montent nombre d'opérations louches pour faire augmenter leur audience. Mais c'est aussi la seule puissance capable de faire ployer un TechnoBloc en révélant ses agissements criminels.
Référence
La société du
spectacle, Guy Debord, Édition Champs Libre.
Max Headroom.
Network, de Sydney Lumet (1976), avec Fay
Dunaway et Peter Finch.
Prenons l'exemple d'un habitant de Paris, né en France. Il paye des impôts locaux qui lui donnent la protection relativement faible de la police parisienne. Il peut se déclarer français, auquel cas il n'aura que peu de recours en cas de problème grave. Ce n'est pas que la police parisienne soit inefficace mais elle est peu nombreuse et son action est sévèrement restreinte par les lois d'appartenance aux TechnoBlocs.
En effet, ce même citoyen, s'il est employé du TechnoBloc ParisBas (par exemple), dont le siège social est à La Défense, peut demander un rattachement de nationalité à ce TechnoBloc. En termes simples, cela veut dire que le citoyen n'a plus à payer d'impôts nationaux à la France, et qu'il est placé sous la juridiction de la milice de son propre TechnoBloc. En conséquence de quoi, tout problème criminel est suivi par cette milice.
Comme on peut s'en rendre compte, cela pose de gigantesques problèmes. Le premier d'entre eux étant la quasi impossibilité pour une police municipale de poursuivre un criminel qui a un attachement de nationalité à un TechnoBloc. En effet, il faut que la police demande une autorisation d'enquête au TechnoBloc, ce qui est rarement accordé. Le seul cas de police municipale réellement puissante est le Scotland Yard de Londres.
Si vous êtes victime des agissements de petits malfrats, vous pouvez espérer que ceux-ci seront pourchassés. Mais que faire quand vous êtes attaqué par un TechnoBloc? Il n'y a qu'une solution: trouver un moyen de pression. Et là, il n'y a que deux méthodes:
-- soit ce TechnoBloc est coupable de crimes fédéraux, et c'est à vous d'en apporter les preuves au Grand Conseil. Auquel cas il sera démantelé et vous aurez réparation.
-- soit vous mettez à jour un scandale concernant ce TechnoBloc, prêt à être diffusé par un network (à vous de voir si le chantage suffit ou s'il vaut mieux passer à l'acte).
Le crime organisé n'est souvent qu'une vue de l'esprit, chaque gang imposant sa loi à son territoire. Néanmoins on peut, en 2080, dire que deux organisations criminelles se sont implantées dans le monde entier: le yakuza et les triades. La cosa nostra, la maffia, le cartel de Medeline ne sont plus que des souvenirs pittoresques, la maffia «russe» ayant encore quelques zones d'influence, l'Afrique a une multitude de gangs criminels avec peu de liens.
Le yakuza est une organisation originaire du Japon, et qui s'occupait historiquement des jeux et du racket. Très liée à l'extrême droite, elle professait une sorte de code de l'honneur, déjà oublié dès 1980. Le yakuza est constitué de centaines de gangs indépendants. Néanmoins il existe une sorte d'assistance qui permet à un gang «ami» de pourchasser à sa place sur son territoire la victime du contrat d'un autre gang. Lorsque l'on entre dans les yakuzas, on jure fidélité et obéissance à son chef. En cas de léger manquement, la peine est de se couper la dernière phalange du petit doigt. Une faute un peu plus grave est punie par la mort. Il est possible de quitter les yakuzas, mais une trahison n'est jamais oubliée, c'est une question d'honneur. Le yakuza est très influent au Japon et en Europe.
Les triades sont à l'origine des sociétés secrètes chinoises. Constituées en loges indépendantes, elles n'ont plus rien de commun avec ce qu'elles étaient, à part leur culte du secret. Leurs domaines de prédilection sont la drogue et les spectacles. Les triades ont leur plus grande influence en Asie et en Amérique du Nord.
Référence
Yakuza, de Sydney Pollack (1974), avec
Robert Mitchum et Ken Takakura.
Black Rain, de Ridley Scott (1989), avec
Michael Douglas et Ken Takakura.
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Et pour quelques cailloux de plus.